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5 juin 2014

Ca ira mieux plus tard

Une étude chiffrée des économistes du Copenhagen Consensus Center élargit notre horizon dans le temps (de 1900 à 2050) et l'espace (les chiffres sont planétaires). La plupart de nos débats se focalisent sur le court terme , cinq à dix ans, et sur une toute petite zone géographique, la France et le monde occidental. Changer les paramètres permet de voir les problèmes différemment. Ça fait du bien.

Vivrons-nous mieux, en 2050, que nos aînés en 1900 ? Jean-Louis Servan-Schreiber n'est pas entré dans le sujet en s'appuyant sur des anecdotes, mais en l'abordant dans sa globalité, sur une période de 150 ans. Avec 21 économistes, ils ont sélectionné dis grandes thématiques qui nous concernent tous, et réunis des statistiques pour chaque année de 1900 à 2013. A partir de là ils ont établi des projections pour 2050. Ils ont utilisé des outils classiques des économistes : les coûts engendrés par chaque problème ont été évalués, ainsi que les "prix" des solutions mises en oeuvre pour le résoudre. Le résultat de ces calculs se traduit par un chiffre : l'impact, positif ou négatif, sur le PIB mondial.

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La pollution de l'air

Cela vous surprendra : le plus grand problème environnemental actuel n'est pas le changement climatique, mais la pollution de l'air domestique. Au XXè siècle, elle a causé deux fois plus de victimes (260 millions) que toutes les guerres. Et quatre fois plus que la pollution de l'air en extérieur. La plupart de ces décès sont attribués à l'utilisation, dans les pays en développement, de fumier et de bois pour cuisiner et se chauffer. Trois millions de personnes continuent de succomber chaque année à cette pollution, malgré les sources d'énergies plus propres et une réduction de la pauvreté. Elle coûte encore à la planète6% de son PIB, contre 23% en 1900. En 2050, ce chiffre ne dépassera pas 4%.

 

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Les conflits armés

Au XXè siècle, les conflits armés ont absorbé, en moyenne, 5% du PIB annuel (20% et 40% durant les Première et Seconde guerres mondiales). Aujourd'hui, ils ne "coûtent" plus que 1,7% du PIB et les prévisions, même les plus pessimistes, ne le situent pas à plus de 1,8% en 2050. En recevant le Nobel de la paix en 2009, Barack Obama affirmait que "de notre vivant, nous n'éradiquerons pas les conflits violents". Nous avons quand même fait une partie du chemin.

 

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Le changement climatique

Le changement climatique est bien réel et nous en sommes responsables, mais - et c'est un des résultats étonnants de notre étude - il aurait un bénéfice positif en 2050. En effet, le CO2, quand il augmente, est un fertilisant utile à l'agriculture. Son impact serait une augmentation de 0,8% du PIB. Un réchauffement modéré entraînera moins de victimes du froid - sans faire plus de victimes de la chaleur. Quant aux coût de chauffage, ils vont diminuer et, malgré une augmentation de l'usage des systèmes de refroidissement (ventilateurs et air conditionné), le bénéfice pour le PIB sera de 0,4%.
Depuis 1900, l'inpact économique du réchauffement climatique est nettement positif. En 2025,il sera à son apogée avec une augmentation de 1,5% du PIB mondial. En revanche, à partir de 2070, s'il se poursuit, il nous coûtera très cher. D'où la nécessité d'agir dés aujourd'hui.

 

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Les écosystèmes et la biodiversité

Au XXè siècle, la diminution de la biodiversité a coûté à la planète 1% de son PIB, chaque année. Nos économistes ont pris en compte plusieurs données, dans différents milieux naturels, de la toundra à la forêt tropicale. Comment mesurer les bénéfices d'un milieu naturel ? Ils ont évidemment tenu compte des retombées de l'économie du tourisme, mais aussi des sources de revenus que sont les matières premières, du bois aux remèdes traditionnels, ainsi que du rôle de ces milieux dans le captage du CO2, donc dans la lutte contre le réchauffement climatique. Jusqu'en 2050, les écosystèmes contribueront chaque année à 0,25% du PIB mondial - dans la mesure ou nous détruisons moins de forêts et adoptons des techniques agricoles plus respectueuses.

 

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L'éducation

Aujourd'hui, 20% de la population mondiale est illettrée, ce qui nous coûte près de 7% du PIB global. En 1900, ce chiffre était proche de 70%, et de -12,4% du PIB. En 2050 il restera 12% d'illettrés, avec une incidence de 3,8% sur le PIB.
L'éducation a un effet direct sur la productivité et les revenus. Dans ces deux domaines, le Pakistan et la Corée du Sud enregistraient, en 1950, des moyennes similaires. Aujourd'hui, les Coréens restent globalement douze ans dans le système éducatif, les Pakistanais moins de six. Conséquence : depuis 1950, le PIB sud-coréen a été multiplié par 23, celui du Pakistan par 3.

 

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L'inégalité des sexes

En 2012, les salaires inférieurs des femmes et leur exclusion du monde du travail ont coûté à l'économie plus de 7% du PIB. Pour parvenir à ce résultat, nous avons calculé quelle aurait été la contribution des femmes si elles avaient travaillé autant que les hommes, et à des salaires identiques. Aujourd'hui, elles gagnent 60% du salaire des hommes, et ne représentent que 40% de la population active. Il y a néanmoins du progrès : en 1900, 15% seulement des travailleurs étaient des travailleuses. Mais nous n'accèderons pas à la parité en 2050, et les femmes continueront à gagner 30% de moins que les hommes, ce qui diminuera le PIB mondial de 4% contre -17% en 1900.

 

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La santé

Nous avons réalisé d'énormes progrès dans le domaine de la santé. Au XXè siècle, ces questions ont coûté 32% du PIB mondial. Ce chiffre est désormais de 11% et il sera divisé par deux d'ici 2050. Plusieurs facteurs ont été pris en compte. D'abord la longévité a augmenté à l'échelle mondiale : de 32 ans en moyenne en 1900, elle est passée aujourd'hui à 69 ans, et atteindra 76 ans en 2050. La recherche avance si rapidement que chaque mois elle ajoute une semaine à notre espérance de vie.
Ce progrès s'explique aussi par la chute de la mortalité infantile. En 1970, 5% des enfants dans le monde était vaccinés contre des maladies comme la rougeole, la coqueluche ou la polio. En 2000, ils étaient 85%, ce qui a sauvé plus de 3 millions de vies par an. cette mortalité infantile reste élevée en Afrique subsaharienne. Néanmoins, en 2008, elle représentait le tiers de ce qu'il en était à Liverpool en 1870. D'ici 2050, elle aura encore chuté de 50%.

 

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La malnutrition

La faim est la plus ancienne calamité de l'humanité, et l'indice le plus visible de la pauvreté. Une meilleure alimentation est associée à une meilleure productivité : des individus mieux nourris sont en effet plus productifs,et des enfants mieux nourris développent de meilleures capacités cognitives. La bonne nouvelle est que la faim recule dans le monde. La malnutrition "coûtait" 11% au PIB mondial en 1900. Ce "prix" a baissé de moitié, il est de 6% aujourd'hui.
On a également mesuré ce progrès sur la taille moyenne des adultes mâles. Dans les pays en développement elle a augmenté de quatre centimètres (passant de 164 à 168 centimètres). Selon les chercheurs, cette évolution signifie que 1,5 millions d'enfants échappent à la malnutrition.

 

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source

cles88

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Commentaires
C
Les financiers et prévisionnistes de tout poil se consolent comme ils peuvent de leur vision comptable de l'avenir. C'est effectivement une façon assez peu sympathique d'appréhender l'évolution et ça laisse de côté les grands problèmes du ralentissement de cette évolution du justement à une certaine déshumanisation qui sacrifie le bien-être de certains, voire leur survie, au profit du confort d'autres. Mais cette dernière constatation entre sans doute dans ce que JLSS appelle "l'anecdote".
B
Drôle d'idée de vouloir quantifier le bonheur des gens à travers le Produit Intérieur Brut.<br /> <br /> - La baisse de la malnutrition et les progrès de l'hygiène augmente la durée moyenne de la vie, mais plus dans les pays riches. <br /> <br /> Pour la première fois, en 2013, l'espérance de vie des Françaises avait reculé.<br /> <br /> - Attribuer à la vaccination la chute de la mortalité infantile est une position dogmatique.<br /> <br /> Les premières causes de mortalité infantile sont: la malnutrition, le manque d'hygiène et d'eau propre. Ces causes ne se guérissent pas avec un vaccin...<br /> <br /> - Je retire de cette étude un malaise certain, voir écoeurant que je résume ainsi:<br /> <br /> Si ces gens n'étaient pas morts, ils auraient rapporté un tas de pognon au capitalisme mondial en bossant davantage.<br /> <br /> Je trouve ça cynique.<br /> <br /> Salutations.
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