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29 août 2013

Chaud désert

Burning Man est une ville éphémère qui se construit chaque année, la dernière semaine d'août, en plein désert du Nevada, comme un carnaval surréaliste, on y danse, on y fait la fête, mais pas seulement, Burning Man est surtout un état d'esprit, un trip.
Visite guidée par Inès Weber, une "burner" enthousiaste, pour le toujours intéressant bimensuel Clès

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En 2012, Burning Man a compté 60 000 habitants, des burners (les habitués) et des virgins (les néophites, sacrés au cours d'un rituel). C'est le festival d'un nouveau mode de relations, la version XXIè siècle de Woodstock.
Premier étonnement : il n'y a pas d'échanges commerciaux, rien n'est acheté, tout est gratuit (sauf les glaçons). Il n'y a pas de troc, que des dons. On donne tout : des colliers et de la musique, des initiations au yoga ou au cunnilingus. On partage des kifs qui n'ont pas leur place dans notre société parce qu'ils n'ont pas d'utilité directe. En fait, on partage le rêve, on vient s'offrir un shoot de créativité, d'imagination. Ce n'est pas un hasard si toute la Silicon Valley s'y rend ! Trois semaines plus tôt, des bénévoles viennent construire la ville organisée en forme d'horloge. On habite à "16h30, rangée A". Et ils préparent un programme qui, finalement, ne sert à rien : Burning Man, c'est comme internet, on se promène, on ne sait pas sur quoi on va tomber, on zappe d'un site à l'autre. Comme sur internet, tout naît de la libre initiative. On s'entraide pour le plaisir, pour faire kiffer l'autre.

 

Robots, princesses, nudistes

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Ici, le trip, c'est d'être déguisé. En Barbie, en extraterrestre, en princesse ou en robot, peu importe. Il y a aussi des nudistes mais, rapidement, on ne fait plus de différence entre celui qui est habillé et celui qui ne l'est pas : on est hors du temps, hors de toutes les connexions. Les burners appartiennent à toutes les catégories d'âge : il y a beaucoup de jeunes, mais aussi des enfants et des séniors. Ils viennent du monde entier, passent le reste de l'année à organiser cette semaine. Certains viennent seuls, bien qu'il soit compliqué de survivre une semaine dans le désert : il faut prévoir son eau, sa nourriture, son couchage, ses goggles, des lunettes spéciales pour le sable. La plupart s'organisent en petits groupes, des sortes de sous-communautés qui proposent des dons spécifiques : pratiques alternatives, massages, manucure, il y en a pour tous les goûts. La "communauté" française monte des évènements tout au long de l'année, en attedant le grand départ pour le Nevada.

 

Les art cars, délires ambulants

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Les art cars sont la grosse affaire de Burning Man. Pendant toute l'année le burner crée en vrai la voiture de ses rêves d'enfant. Certaines sont extrêmement élaborées, totalement folles : ici c'est une cuvette de wc géante. Sur la route, elle croisera sans doute un champignon psychédélique ou un couple de poissons fluos, montés sur roues et souvent dotés d'un moteur, comme toute voiture. Cette ville est un jeu vidéo, un lieu où la réalité se fait délirante. C'est une pulvérisation permanente de créativité. Les distances sont immenses, on a envie de tout voir (et de passer de temps en temps au café central, seul endroit où l'on peut se laisser des messages sur des ordinateurs à disposition) : il faut au moins avoir une bicyclette.

 

Fêtards et DJ, au milieu de nulle part

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Beaucoup d'art cars sont collectives, c'est-à-dire qu'(on peut y monter et en descendre au gré de ses envies, grimper dans une autre pour se laisser emporter ailleurs. Celle-ci est une maison sur un bus, sans doute dotée d'une sono. La nuit, toutes les cars vont dans la Playa, très loin dans le désert, elles s'arrêtent n'importe où, au milieu de nulle part. Les fêtards arrivent, les meilleurs DJ du monde aussi, l'electro jaillit, explose. On fait de grosses teufs, de très grosses tezufs, comme je n'en avais jamais vu. La drogue circule, bien que sa consommation soit particulièrement surveillée dans le Nevada. C'est un lieu infini, c'est aussi la décadence. En gros, Burning Man s'organise autour de trois pôles : le développement personnel (yoga, méditation, qi gong...), la sexualité, et le milieu de la night life (musique, drogue...)

 

Ville lumière

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La nuit, tout est fluo : il n'y a aucun éclairage public, on "s'éclaire" soi-même pour être repéré, pour pouvoir circuler. C'est d'autant plus poétique visuellement que tous les délires sont permis. Comme les art cars, ça se prépare le reste de l'année. Je me souviens d'un homme qui portait sur les épaules, tout au long de la semaine, un enchevêtrement de fils phosphorescents qui formaient une immense marionnette, une sorte de personnage de Giacometti, inutile, mais qui laissait coi. C'était si gracieux.

 

Finale de feu

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Tout a commencé en 1979, à San francisco, quand un type s'est fait larguer par sa copine et a invité ses amis à faire la fête sur la plage. Il avait sculpté un petit personnage en bois, l'a symboliquement brûlé pour dire :"je revis". C'était le premier burning man, "l'homme qui brûle". L'année suivante, il a fêté cet anniversaire, mais son Burning Man, trop grand, a été interdit par les autorités, pour des raisons de sécurité. Depuis, les burners se retrouvent dans le Nevada, et ils sont de plus en plus nombreux chaque année - bien que les billets soient chers, entre 300 et 500 dollars. L'apothéose du festival, c'est le brurning : du man d'abord, et ensuite de deux bâtisses à forte charge symbolique, une fausse banque et un vrai temple orientazlo-bouddhiste où l'on peut, pendant la semaine, s'initier au yoga, à la méditation.
Après la fête, quand tout le monde est parti, le lieu est intact : ici, on se tient bien, on ramasse ses détritus, on va dans les toilettes publiques, on ne s'agresse pas. Tout est fait pour que ce soit agréable, malgré les conditions infernales du désert en plein mois d'août. Pour cela, chacun doit être dans le respect, dans l'écoute : on inverse la donne du quotidien.

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Commentaires
D
Encore une découverte... Et l'ôt Nobel qui n'arrête pas de chanter même quand c'est fini... :-D
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