La méditation laïque

Je vous ai déjà parlé de l'excellent bimensuel "CLES" en vous disant tout le bien que j'en pensais. Le numéro d'août/septembre comprenait un dossier sur la méditation laïque : les psys la prescrivent contre l'anxiété, le stress et la dépression, et les médecins reconnaissent ses effets sur la santé. Pourquoi ça marche ? Comment s'y mettre ? Toute une série d'enquêtes, d'articles et de conseils sur une quinzaine de pages avec les participations de personnalités telles que David Lynch ou André Comte-Sponville. Passionnant.

Petits extraits.

Tout d'abord, la question de base, avez-vous besoin de méditer ?

La méditation est bénéfique pour tout le monde. Mais elle est spécialement conseillée quand on se trouve dans au moins trois des situations suivantes :

• Il m'arrive d'éprouver une émotion et de ne m'en rendre compte que plus tard.
• Je casse et renverse des choses par inattention.
• J'ai du mal à rester concentré plus de quelques minutes.
• J'ai tendance à marcher vite vers mon but, sans prêter attention à ce qui se passe.
• J'oublie presque toujours le nom des gens la première fois qu'on me les dit.
• Je ne fais attention à mes tensions ou malaises physiques que lorsqu'ils deviennent insupportables.
• J'agis toujours vite, mais comme en pilotage automatique.
• Je me surprends à écouter quelqu'un que d'une oreille, tout en pensant à autre chose.
• Je grignote facilement, sans vraiment goûter ce que je suis en train de manger.

Conseils pratiques (dispensés par Marc de Smedt, le fondateur de la revue)

Qu'est-ce que la méditation ?

La méditation consiste d'abord à se poser un instant en silence, attentif à sa respiration, pour laisser le jeu fou qui nous habite se calmer un peu. Les orientaux parlent d'une montagne environnées de nuages (nos préoccupations) qui peuvent être dispersés par le vent (notre respiration), ouvrant sur le ciel bleu (notre conscience claire).

Quelle posture adopter?

La posture la plus connue est celle du zazen japonais. Dos et nuque droits, colonne vertébrale déployée, reins cambrés, épaules détendues, jambes si possible croisées en demi-lotus (un pied sur la cuisse opposée, l'autre en dessous), la main gauche dans la main droite, les pouces se touchant, horizontaux. On est assis sur un coussin (le zafu). Mais on peut aussi méditer sur une chaise, à condition de ne pas s'appuyer sur le dossier pour avoir le dos droit, et de mettre ses pieds bien à plat et parallèles. Cela dit, on peut méditer en toutes circonstances. En marchant dans la nature, par exemple. Il y a d'ailleurs dans le zen une marche méditative, rythmée par la respiration conssciente : lente, on fait un pas à la fin du plus long expir possible ; rapide, on est simplement attentif au va-et-vient de son inspiration et de son expiration.

Yeux ouverts ou fermés ?

On a tendance à méditer les yeux fermés, on se retrouve ainsi mieux en soi-même. Mais la sarabande des images mentales se projette alors davantage sur notre écran intérieur. C'est pourquoi la posture idéale est celle des yeux mi-clos : le regard se diffuse à la fois au-dehors et au-dedans. De ce trouble rapport émerge une quiétude particulière.

Comment respirer ?

Le vrai maître de la méditation, c'est la respiration. Dès qu'on part dans ses pensées, on perd la conscience de sa respiration. D'où l'importance de l'attention portée à l'expiration profonde, inhabituelle dans nos cultures occidentales, qui doit rentrer dans l'abdomen jusqu'à cette zone considérée comme le centre énergétique de l'être, appelée "hara" au Japon. Ensuite, l'inspiration vient d'elle-même. Dès que vous reprenez conscience de votre respiration, vous revenez à la conscience tout court et cela apaise votre mental.

Combien de temps faut-il y consacrer ?

Cela peut aller de cinq minutes à une demi-heure. Certains instructeurs préconisent de minuter précisément son temps de méditation à l'aide d'un réveil ou d'un bâton d'encens et de s'y tenir.

Le matin ou le soir ?

C'est quand on veut. Personnellement, j'aime m'asseoir le matin, même brièvement. Cele m'évite de me lancer de façon précipitée dans mes activités. Par contre, la régularité est souhaitée : un peu tous les jours vaut mieux que beaucoup de temps en temps.

Comment discipliner son mental ?

Curieusement, pour discipliner son mental, il faut le laisser faire ... tout en l'observant. On devient ainsi non plus acteur, mais spectateur de son univers mental. Tout se joue là. Cette mise à distance nous fait lâcher nos conditionnements. Pour les esprits trop agités, certains instructeurs préconisent des visualisations (le visage d'un sage, la pleine lune se reflétant dans l'eau, un paysage) ou bien le contemplation de la flamme d'une bougie ou d'une roue symbolique (mandala).

Faut-il pratiquer seul ou en groupe ?

Les deux. On dit que la méditation est à la fois solitaire et solidaire. On est relié à soi, mais aussi au tout. On ne médite pas pour nombriliser, mais pour s'ouvrir au monde. Il est donc bon de pratiquer de temps en temps avec des amis, en suivant les conseils de quelqu'un d'avisé qui ne se prend pas pour un messie.

Faut-il méditer en silence ?

Le silence est si rare qu'il ne faut pas en avoir peur, mais l'apprivoiser. Découvrir la présence puis l'immensité de notre silence intérieur est une expérience très ressorçante. Certains instructeurs distillent et commentent des maximes de sagesse durant les méditations de groupe qu'ils dirigent pour conforter le recueillement. Et la grande mode aujourd'hui consiste à se faire aider chez soi par des CD de méditation. Pourquoi pas ? Tout est bon pour avancer sur la voie de l'éveil.

Quelques livres