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24 juin 2006

Suite de rimailleurs

A l'occasion de la disparition de Jacques Lanzmann (dont j'ai bien aimé plusieurs bouquins) on a beaucoup parlé de la chanson de Jacques Dutronc : "il est cinq heures, Paris s'éveille" co-écrite par les deux Jacques et dont voici un extrait :

Je suis l'dauphin d'la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d'balais.

Il est cinq heures,
Paris s'éveille

Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

Il est cinq heures
Paris s'éveille

Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher


Or, je suis abonné à une "liste" Oulipo et je reçois régulièrement les talentueuses prestations des participants, voici le contenu du dernier envoi :


L'ombre s'évapore
Et déjà l'aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes palissent
Les maisons blanchissent
Les marchés s'emplissent
On a vu le jour.

De la Villette
Dans sa charette
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai
Et de Voncenne,
Gros Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.

Déjà l'épicière
Déjà la fruitière
Déjà l'écaillère
Sautent au bas du lit.
L'ouvrier travaille
L'écrivain rimaille
Le fainéant baille
Et le savant lit.

J'entends Javotte
Portant sa hotte
Crier : carottes
Panais et choux-fleurs !
Perçant et grêle
Son cri se mèle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.

L'huissier carillonne
Attend, jure, sonne
Ressonne, et la bonne
Qui l'entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître,
Prompte à disparaître
Regagne le sien.

Gentille et accorte,
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud;
Et la portière
Sous la gouttière
Pend la volière
De dame Margot.

Le joueur avide
La mine livide
Et la bourse vide
Rentre en fulminant;
Et sur son passage,
L'ivrogne plus sage
Rêvant son breuvage
Ronfle en fredonnant.

Tout, chez Hortense
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et caetera...
Et sur la pierre
Un pauvre hère
La nuit entière
Souffrit et pleura.

Le malade sonne
Afin qu'on lui donne
La drogue qu'ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle
Que l'amour appelle
Au plaisir fidèle,
Feint d'aller au bain.

Quand, vers Cythère,
Le solitaire
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La dilligence
Pars pour Mayence,
Bordeaux, Florence
Ou les Pays-Bas.

"Adieu donc, mon père,
Adieu donc, ma mère,
Adieu donc, mon frère,
Adieu les petits."
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.

Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup ;
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille
Abondent partout.

Ah ! Quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N'eut frayeur pareille ...
Tout Paris s'éveille ...
Allons nous coucher.


C'est Alain Chevrier qui communique aux abonnés de la liste ce texte de Marc-Antoine Désaugiers, "Tableau de Paris à cinq heures du matin", 1802.

A mon avis, plagiat ou pas, ceci n'altère en rien le talent des co-auteurs du tube de Dutronc.

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Commentaires
D
« Tous les chemins mènent à soi. »<br /> [ Jacques Lanzmann ]<br /> <br /> J'aime bien cette citation de lui. Je ne parviens pas a me souvenir pourquoi son nom est si clairement imprimé dans mon cerveau???<br /> C'est ça vieillir, oublier ou devenir très très sélectif en mémoire?
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