L'art modeste
L’art modeste, on peut le trouver au coin de la rue, si on sait le reconnaître, mais il peut aussi revenir d’un loin voyage dans la valise d’un touriste. Les cabinets de curiosité témoignaient déjà de l’intérêt pour les objets assemblés par goût du merveilleux, de l’incroyable et du lointain. Puis le développement des sciences vit naître l’ethnologie et l’histoire de l’art. L’on étudia les artefacts, mais aussi les pratiques, les religions, les traditions des peuples des autres continents. Les artistes, à leur tour, s’intéressèrent à ces mondes devenus accessibles grâce au progrès, le lointain ne cessa de se rapprocher. Ils décrivirent d’abord des paysages, les lieux d’habitation, les objets usuels, les costumes, et témoignèrent des activités quotidiennes à l’autre bout du monde.
C’est dans cette curiosité mutuelle, dans ce sensible décalage de nos visions du monde, dans cette copie qui semble maladroite mais qui est en fait le miroir déformant de nos propres mythes et icônes populaires, que je trouve depuis des années un grand plaisir esthétique.
Hervé Di Rosa au Quai Branly, "Modestes Tropiques"