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10 décembre 2012

Tour de rôles

Dans ce quartier de la ville, la nuit a tôt fait de répandre ses couleurs. Les rues sont presque désertes, on n'entend que le murmure de quelques passants et le bruit sourd des voitures. Il vit son buste qui se balançait comme la voile d'un navire. Il la suivit des yeux, une main sur le volant. Il lui sembla que sa chevelure étreignait la brise, défiait le souffle du vent.

Il se dit : "Ca fait bien longtemps qu'on n'avait pas vu une belle chevelure de femme affronter le vent avec tant d'audace, depuis que les cheveux sont emmurés dans ces foulards épais."

Quand elle arriva à sa hauteur, il lui lança un coup de klaxon plein de tendresse et, d'un geste, il l'invita à le rejoindre.Elle se retourna en souriant et se glissa dans la voiture. En réponse, son visage s'éclaira d'une lueur de joie où brillait aussi de l'avidité. Il lui demanda où elle allait. "Et toi, où vas-tu ?" répliqua-t-elle. D'un geste il lui montra la route devant lui. Elle lui sourit du coin des lèvres et lui dit : "Alors je t'emmène !" Et ils rirent de cette répartie ensemble.

Ensemble, ils allèrent dans sa chambre. Il enfourcha une chamelle sauvage qui l'emporta, traversant les déserts arrides de son désir réfréné depuis des années. Enfin, il crut avoir dompté la chamelle fougueuse, descendit de sa monture et sombra dans un profond sommeil.

Au matin, il fut réveillé par la chaleur du soleil qui filtrait à travers une fente entre les volets clos.Il sentitla chaleur du lit, vestige de la nuit écoulée, et s'étira, levant les bras tel un cavalier au retour d'une conquête qui, pour le prix de sa victoire, traîne derrière lui des captives. Il se retourna vers elle, mais elle n'était plus là ...

Il s'étonna de trouver une enveloppe posée à côté de lui et la prit. Ses mains se mirent à trembler lorsque de cette enveloppe il vit dépasser quelques billets.

houdaHudà al-'Attâs

Ce texte intitulé "Adwâr" est tiré du recueil de Hudâ al-'Attâs, Li annahâ, 2001. Il a été traduit de l'arabe par l'Atelier de l'Ecole normale supérieure de Paris sous la res ponsabilité de Houda Ayoub.

img001Les femmmes photographes au Yémen se comptent sur les doigts des deux mains, Boushra Almutawakel est l'une d'elles. Cette photographe mène une réflexion en images sur le voile et la représentation de la femme.

Source : muze

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