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25 avril 2012

L'addition, s'il vous plait

Je vous recopie ici l'éditorial de Fabrice Bousteau de Beaux-Arts magazine; c'est celui du numéro de mars 2012. Il montre très bien comment une "réforme" qui peut sembler aller dans le bon sens et qui est présentée comme une avancée se révèle, dans les faits, une mauvaise idée ... pas pour tout le monde.

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bousteau2Selon la Cour des comptes, la baisse de la TVA (de 19,6 à 5,5%) de la restauration décidée en juillet 2009 par Nicolas Sarkozy coûte chaque année environ 3 milliards d'euros au contribuable. Et, Pour Xavier Denamur, un restaurateur parisien qui vient de produire l'édifiant documentaire la République de la malbouffe (diffusé en DVD par le mensuel Rue89 de février-mars), les bénéficiaires de ces 3 milliards d'euros seront essentiellement, non pas les petits restaurants, leurs salariés et leurs clients, mais dix entreprises d'agro-alimentaires !

Xavier Denamur explique qu'il a fait ce film "pour donner le point de vue de tous ces petits restaurateurs indépendants qui font moins de 100 000 euros de chiffre d'affaires par an. Pour eux, la baisse de la TVA ne leur permet ni d'embaucher, ni d'investir, ni de baisser les prix, tandis que ça rapporte 200 millions d'euros par an à MacDo." Alors que le gouvernement annonce que l'impact de la baisse a fait chuter les prix de 2,5%, Xavier Denamur affirme que les prix ont augmenté de 1,6% et que seuls 11 000 emplois ont été créés contre les 40 000 annoncés.

Mais surtout, ce que montre le film, c'est que la baisse de la TVA incite nombre de restaurateurs à remplacer les cuisiniers par de la nourriture industrielle pour accroître consédérablement leur marge. Plus de la moitié des restos parisiens et de nombreuses villes où, sur les cartes, l'on propose du "fait maison" seraient en fait livrés à l'aube par une poignée d'industriels comme Pomona Passion froid (1,1 milliard de chiffre d'affaires pour 35 700 restaurants) ou Transgourmet (1,6 milliard de chiffre d'affaires pour 60 000 restaurants) !

Pour Xavier Denamur, la baisse de la TVA, au lieu d'aider les "vrais" restaurateurs, favorise l'industrialisation des restaurants français, la disparition de notre culture culinaire et, surtout, le développement de la malbouffe sans qu'on en ait conscience car il devient difficile d'identifier le "vrais restaurateur" de celui qui utilise les produits de l'agro-alimentaire. Une malbouffe trois fois moins coûteuse pour le restaurateur, qui conduit à la suppression de nombre d'emplois et tranforme notre goût (produits plus salés, plus sucrés).Denamur propose ainsi de revenir à une TVA à 19,6% et à des aides spécifiques à destination des "vrais restaurateurs".

L'art culinaire fait partie intégrante de la politique culturelle qui embrasse un champ bien plus large que celui traditionnellement envisagé. Cette situation montre, à la veille de la présidentielle, que les questions de politique culturelle sont aujourd'hui intrinsèquement liées à l'économie.

bousteau

 

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