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27 juillet 2011

Dans ce grand pays moderne et barbare ...

Dans ce grand pays moderne et barbare on condamne des enfants mineurs à la perpétuité réelle.

Aux Etats-Unis, 2574 enfants, condamnés à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle, croupissent derrière les barreaux. Human Rights Watch dénonce ce châtiment d'un autre âge.

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Ci-après un article de Djénane Kareh Tager

Anthony C. avait 16 ans, une bonne bouille, un sourire d'enfant. Une scolarité normale, aucune embrouille avec la police. Et un groupe de potes qui s'était entiché de taguer des graffitis sur les murs de sa ville, en Californie. Il savait que ce n'était pas "bien", mais n'a-t-on pas tous, à 16 ans, un petit peu transgressé les frontières du "bien.

Ce soir-là, Anthony avait suivi James dans une station de lavage isolée, dont les immenses murs se prêtaient à merveille à leur jeu interdit. Il avait été surpris de voir James déballer, en même temps que les bombes de peintures, une arme. "Pour nous protéger", lui avait expliqué James. Il n'a pas eu peur quand des gamins les ont abordés pour leur proposer de la marijuana. "Nous leur avons dit non, ils se sont éloignés", se souvient-il. Le déclic est venu de James : "on peut les voler". James qui s'est approché de l'un des gosses, a pointé son arme sur lui. "Si tu ne me tues pas, je te tue", lui a dit le gamin. Anthony n'a pas vu la suite. Il a tourné le dos, a détazlé jusqu'à son vélo, a entendu un bruit terrible.

Le lendemain, la police retrouvait les deux corps. Et arrêtait Anthony. Un allègement de peine lui fut proposé, avant le procès, s'il plaidait coupable de meurtre. Il refusa : il n'avait pas tué et comptait sur la justice américaine pour établir son innocence. Il fut tenu pour responsable du meurtre commis par James et condamné à vie. La vraie perpet', celle que Charles T., autre gamin enfermé dans une prison californienne, décrit ainsi : "je rentrerai chez moi quand je serai mort."

2574 "Anthony" et "Charles" ont été recensés, en mai 2009, par Human Rights Watch, dans les prisons de 39 Etats américains où l'on peut être condamné à la prison à vie, c'est à dire jusqu'à la fin de ses jours, sans possibilité d'aménagement de peine ni de libération conditionnelle pour des délits commis avant l'âge de 18 ans (alors que les législations de ces mêmes Etats considèrent un mineur trop immature pour lui octroyer le droit de voter ou l'autoriser à acheter de l'alcool). Les chiffres sont effroyables : 16 % de ces prisonniers avaient moins de 15 ans au moment desfaits ; 59 % étaient condamnés pour la première fois et n'avaient aucun casier judiciaire : 45 % n'ont pas commis le crime, mais ont été jugé pour complicité avec le criminel. Ceci est en contradiction avec la Convention de l'ONU sur le droit des enfants ? Certes, mais les Etats-Unis n'ont pas signé cette convention. Les paroles des gamins sont insoutenables : "Je n'avais pas encore de barbe quand je suis arrivé. J'ai appris à me raser en prison. C'est comme ça que je suis devenu un homme", confie Billy G., "j'ignorais que j'avais droit à des témoins, l'avocat ne me l'avait pas dit quand il m'a jeté dans la fosse aux lions, j'étais trop jeune pour savoir me défendre. Je l'ai su en prison, c'était trop tard", précise Chris D. qui, comme la plupart des autres enfants, s'est contenté, faute de moyens, d'un avocat commis d'office. "Le jour du verdict ? C'était une atmosphère d'enterrement", se souvient Taylor C.

En 2008, derniers chiffres officiels disponibles, 250 condamnés avant leur majorité peuplaient les prisons de Californie, les plus redoutables en raison de la promiscuité qui y règne (avec un taux d'occupation de 300 %). Ils étaient 444 dans celles de Pennsylvanie, 356 dans le Michigan, 335 en Louisiane, 266 en Floride ... Depuis leur nombre s'est certainement accru, proportionnellement à celui de la population carcérale aux Etats-Unis, qui a atteint 2,4 millions de personnes, soit la proportion la plus élevée au monde par rapport au nombre total d'habitants. Les législations de dix pays, outre les Etats-Unis, autorisent la perpétuité réelle pour les mineurs : Antigua, l'Australie, Belize, Brunei, Cuba, la République dominicaine, Israël, Saint-Vincent et les Grenadines, les îles Salomon et le Sri Lanka. Aucun Etat ne l'applique effectivement, affirme Human Rights Watch, qui s'est engagé pour réclamer l'abolition de ce châtiment inhumain aux Etats-Unis.

Les témoignages cités ici ont été recueillis par ses équipes qui se mobilisent sur le terrain, rencontrent des prisonniers et tentent d'obtenir une réforme du régime carcéral américain.

Pour plus d'information sur HRW HUMAN RIGHTS WATCH en France

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