Hommage

Le 13 janvier 1923, à l'aube, il fut demandé à Jack Bluther, condamné à mort par pendaison pour le meurtre de 13 personnes (dont sa logeuse), quelle était sa dernière volonté. Il réclama d'apprendre le cantonais. Devant un refus inattendu, il fuma alors un cigare et but un whisky.

Sur la planète SK1065, la race intelligente multipède compte les années non à partir de la naissance de chacun, mais en remontant de la date de sa mort prédite par les grands prêtres. Ce n'est ainsi jamais l'âge qui compte, mais le temps qui reste. On voit dans le métro de KZHYPL, la capitale, des vieillards laisser la place à des adolescents qui n'ont plus qu'un an à vivre.

Sur les hauts plateaux du Kalahidro, au Mali, ont longtemps cohabité dix tribus en guerre perpétuelle. La troupe de chaque armée se limitait à une guerrière, la plus vieille femme de la tribu, qui maniait le kunoku, arme traditionnelle, sorte de long drap de coton blanc. Cette guerre sans fin permit à tous de vivre des siècles durant en paix et bonne intelligence.

Dans la vallée de Lhajhad (Népal), chaque enfant, avant même de pouvoir marcher, apprend à réduire la taille de son corps pour diminuer ses besoins énergétiques, s'il venait un jour à manquer de nourriture. Hélas, lors de la grande famine du Shariigaha, en 2454 du temps de Jahor, toute la population appliqua cette méthode et finit dévorée par les acariens.

Roberto Catanese, de San Patamino (Sicile), fut condamné en février 1978 à la prison à vie pour avoir adapté la célèbre recette de pizza à la mozzarelle à la pizza à la sicilienne et utilisé, pour cela, de vrais morceaux de Sicilienne.

Sur les berges du fleuve Atitopopo (Brésil), vit la tribu des Tihotuhop. Les Tihotuhop, végétariens, font une exception pour la viande des piranhas pêchés dans les filets tendus lors de la joyeuse cérémonie du Recyclage des Anciens, lorsque les plus âgés du village prennent leur dernier bain.

Sur l'île de Pergos, sous le règne de Toludée 1er, la loi interdisait de rien prendre si l'on ne donnait simultanément. Les habitants ne buvaient ainsi que lorsqu'ils urinaient, ne mangeaient que quand ils déféquaient. Il était difficile, lors des banquets, d'apprécier le fumet des mets et l'art culinaire se dégrada jusqu'à l'invasion perse qui mit un terme salutaire à l'ordre téludéen.

Lorsque le 12 janvier tombe un dimanche, c'est encore aujourd'hui, dans le village d'Albevilly, la fête du razbit, où l'on chasse l'animal pour se nourrir de ses grandes oreilles. Le razbit est un patagrade au pelage d'un orangé vif proche du blaireau par la taille et de l'ornithorynque par l'aspect et la mobilité, typique de cette région du pays de Caux, malheureusement éteint depuis la première fête du razbit, en 1286.

Ces brèves d'ici et d'ailleurs nous ont été communiquées par Hervé Le Tellier, membre de l'Oulipo, dont je suis un fan absolu et dont je vous rappelle ci-dessous une partie de l'oeuvre :

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