Voyage en Végétarie
Prendre soin de sa santé, réapprendre à cuisiner de façon créative, épargner les animaux, participer à la création d'un nouveau style de vie écologique et éthique ...
Les arguments des végétariens, longtemps ignorés ou moqués, risquent de se muer en nécessité planétaire.
Un article du bimestriel Nouvelles CLES signé Carine Gouriadec pose la question suivante : "est-il temps de devenir végétarien ?".
Il part des postulats suivants :
- Les habitudes alimentaires, ancrées en nous depuis l'enfance, sont les plus difficiles à modifier
Les découvertes récentes sur notre santé et celle de la planète nous poussent à y réfléchir "à neuf".
L'inventivité des saveurs dans la cuisine des légumes renouvelle la gastronomie
Je vous donne quelques éléments.
Tout d'abord, quel végétarien êtes-vous ou pourriez-vous devenir ?
- Le flexitarien mange peu de chair animale et s'assure qu'elle provient d'élevages éthiques et bio.
- Le végétarien ne mange ni viande, ni poissons, ni fruits de mer.
- L'ovo-lacto-végétarien accepte les oeufs, les laitages et les fromages.
- Le pesco-végétarien mange du poisson et le pollo-végétarien du poulet
- Le végétalien est un végétarien qui ne consomme aucun sous-produit d'origine animale.
- Le vegan est un végétalien qui exclut tout ce qui implique l'exploitation des animaux : cosmétiques, cuir, laine, soie ...
Carine Gouriadec explique dans son article le cheminement qui a convaincu la carnivore qu'elle était à tenter le passage "... pour des raisons esthétiques, ce mot englobant beaucoup de choses qui vont de la santé à l'éthique. Devenir végétarien par sens de la beauté ..." en quelque sorte. "La force du végétarisme, poursuit-elle, c'est sa cohérence et sa capacité à fédérer une multiplicité d'urgences. Si je suis tentée par l'expérience, c'est que celle-ci me permet de jouer à la fois sur ma santé, mon look, ma sexualité, mon rapport à l'environnement, ma relation aux autres (qu'ils soient humains ou d'une autre espèce), donc ma spiritualité. Bref, sur ma vie entière."
Comment s'y mettre ?
1. Commencer par ralentir, en ne consommant de produits carnés que deux ou trois fois par semaine, en privilégiant le poisson, la volaille, le lapin.
2. Discernez les végétariens parmi vos plats préférés : pizzas aux légumes, taboulé, risotto aux champignons, salade de chèvre chaud, omelette-frites ...
3. En courses, repérez les produits déjà prêts : houmous, caviar d'aubergine, tzatziki, tortillas, nems aux légumes
4. En magasin bio, osez les découvertes : crème d'amande, seitan, céréales... Choisissez des denrées riches en protéines : oeufs, champignons, tofu, algues...
5. Vous pouvez tester saucisses végétales et steaks au tofu type "végéburger", mais sachez que la vraie cuisine végétarienne n'imite rien : elle invente ses propres régals.
6. Mangez dans les restos indiens, chinois, mexicains, éthiopiens, libanais, qui proposent plus de plats végétariens que les européens.
Pour ceux qui craindraient les "manques" en protéines, les équivalences :
Si la viande contient 18 à 25 g. de proteines pour 100 g., le soja en contient 35g., les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches, pois cassés, fèves) de 19 à 24 g., le quinoa 14g., le tofu 11 g., les noix, noisettes, arachides de 13 à 15 g. Quant au fer, dont la viande contient 3mg. par 100g., on entrouve bien plus dans les graines de courge et de sésame : 14,5 mg. aux 100 g., et aussi dans le quinoa et le soja.
Comme on pouvait s'y attendre, les Africains et les Indiens sont les plus petits mangeurs de viande : moins de 15 kg. par personne et par an. Plus de 40% des Indiens n'en mangent pas. Ailleurs, la consommation de viande explose. En quarante ans, l'Union européenne est passée de 56 à 89 kg. annuels par personne, la France de 70 à 110 kg., les Etats-Unis de 89 à 120 kg. La Chine, elle, est passée de 15 à 485 kg. en vingt ans. Selon les nutritionnistes classiques, 40 kg. seraient la quantité optimale pour rester sain. Les végétariens ne sont évidemment pas d'accord et ils s'associent aux écologistes pour affirmer que la surconsommation de viande détruit la biosphère entière.
Evidemment, le lobby de la viande contre-attaque; l'association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes vante la biodiversité des prairies et les qualités nutritionnelles du pot-au-feu avec pour slogan : "Le boeuf, une énergie responsable !". Mais, pour que ces images bucoliques correspondent à une réalité, il faudrait une métamorphose radicale des conditions d'élevage du bétail. A commencer par la (très improbable) suppression de ces camps de concentration pour animaux que sont les industries du poulet, du porc et d'un nombre croissant d'espèces. Cela constituerait un bouleversement économique colossal et un choc psychologique non moins crucial.
Les enjeux écologiques :
Pour syntétiser, voici les onze formules qui défilent sur le site des restaurants Commensal au Canada
1kg. de boeuf a besoin de 7kg. de céréales
450 g. de boeuf = 6 mois de douche
200 millions d'ha de forêts tropicales détruits en 60 ans pour les pâturages bovins
1 kg. de viande = 100 fois plus de gaz à effet de serre qu'1 kg. de blé
céréales pour bétail US = nourriture de 800 millions d'humains
méthanol des pets de vache = gaz de tout le trafic routier mondial
90% du soja mondial = nourriture pour bétail
1 kg. de veau = 220 km. en voiture
1 kg. de viande = autant d'humus que 200 kg. de tomates
L'ONU confirme : "Une réduction substantielle de l'effet de serre ne sera possible qu'au prix d'un changement de régime alimentaire mondial, fondé sur autre chose que sur des produits animaux." L'économiste Rajendra Kumar Pachauri, président du Groupe d'experts sur le changement climatique 5GIEC), n'hésite pas à préconiser une conversion globale de l'humanité au flexitarisme.
Pour en savoir plus :
... et le site de l'Association végétarienne de France
En guise de dessert, un petit trait d'Hervé Le Tellier :
"Le végétarisme est excellent pour la santé humaine, mais c'est sans comparaison avec ses bénéfices pour la santé porcine, bovine et ovine."
Pour terminer, je vous donne mon statut du moment : végétarien non pratiquant.