Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Abracadablog
Abracadablog
Publicité
Archives
20 octobre 2008

Cuisiner l'histoire

Au commencement était le script d'un documentaire écrit par le Slovaque Peter Kerekes au titre intrigant de Cooking History. A ne surtout pas traduire par "histoire de la cuisine" mais par "cuisiner l'histoire", ce qui correspond mieux au projet tragicomique de l'auteur et de son complice, le photographe et réalisateur Martin Kollar, Slovaque lui aussi, tous deux diplômés en 1997 de l'Académie des arts de Bratislava. L'un à la plume, l'autre derrière la caméra ou l'objectif de ses appareils photo, ils ont entrepris à la fin des années 1990 de raconter le monde au travers des trois obsessions communes à tous les mâles, Kollar dixit : "les femmes, la bouffe et la guerre." Suivant la chronologie des conflits en Europe depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la Tchétchénie, leur nouvel opus a pour but de montrer "un petit cuisinier des armées peut influencer par son travail l'issue d'un conflit et du même coup changer l'histoire du monde". Et d'imaginer dans un pacifisme sans illusions, à la manière d'un ressortissant d'Europe centrale, que "si tous les cuisiniers des armées cessaient le travail, il n'y aurait plus de guerres". Ce que l'on concèdera bien volontiers. Le film, "ni tout à fait documentaire, ni tout à fait fiction", est aujourd'hui achevé. Il devrait être bientôt diffusé par Arte et distribué en salles ; le travail photographique de Martin Kollar, à la fin de publication d'un "livre de recettes" d'un genre tout à fait nouveau, est lui, toujours en cours. Ses clichés ne sont ni des photos de plateau, ni des photos systématiquement mises en scène, ni des instantanés mais plutôt, comme il le dit, "un goulache de tout ça". Entamé en 2005, ce travail a nécessité une longue préparation, qu'il s'agisse de réunir son financement ou d'obtenir les autorisations nécessaires des autorités militaires. Il nous permet aujourd'hui de détester la guerre, non pas planqués derrière les orgues de Staline mais au plus près des pianos.

Olivier Schmitt pour Le Monde 2

cuisine4

 

cuisine2   cuisine3

bandeau1

 

 

cuisine1

 

Souvenirs d'un cuistot de l'armée russe : une vache tchétchène

"Avant de partir pour la Tchétchénie on a chargé le train de munitions et de nourriture. Les officiers ont confisqué toutes les boîtes de conserve pour les revendre sur le marché noir à Moscou. Il ne me restait que des flocons d'avoine, du sucre et un peu de saindoux. Arrivés en Tchétchénie, les vétérans se sont emparé de tout le sucre de la réserve et l'ont troqué contre de la vodka. Puis les simples soldats ont volé le saindoux pour l'échanger aussi contre de la vodka. Il n'y avait plus que des flocons d'avoine. Les soldats affamés ont alors abattu une vache et l'ont mangé. Le jour suivant, un vieux Tchétchène est venu réclamer de l'argent pour sa vache et tout le monde lui a ri au nez. Il est alors allé se plaindre à la guérilla tchétchène qui a attaqué le camp russe. Moscou a décidé d'envoyer des renforts dans la zone. Ils ont chargé des trains de munitions et de nourriture. Les vétérans ont pris le sucre, les plus jeunes le saindoux. Et puis tout le monde a eu faim et ils ont décidé de tuer une vache ... "

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Je vais guetter les programmes d'Arte...
Publicité