Les particules de Chantal
Au sud de Paris, en Seine et Marne, à
la jonction de ce département avec l'Essonnes et le Val de Marne se
trouve Moissy Cramayel. C'est un ancien gros bourg transformé, par la
magie de l'apparition des villes nouvelles en petite ville de banlieue.
Sont
restées deux fermes dont l'une ne devrait pas tarder à disparaître,
plates-formes logistiques obligent et dont l'autre a été confiée par la
mairie à des artistes plasticiens, plus ou moins en échanges de
quelques coopérations artistiques lors de différents évènements dans la
localité. Dans cette ferme, si l'on monte au 1er étage par un escalier
branlant en colimaçon, on arrive dans l'atelier de Chantal Perret.
Je
vous ai déjà parlé de Chantal. C'est une des organisatrices de cette
idée que je trouve formidable : Mai, mois de l'art dans la ville. Ça
consistait pour les artistes résidants, à confier pour un mois à des
habitants qui le demandaient une de leurs oeuvres (au choix de
l'habitant), charge à ceux-ci d'organiser une rencontre amicale, voire
un repas avec des amis et l'artiste concerné. Ça a été un grand succés,
mais évidemment, très dépendante de la municipalité, cette initiative
ne s'est pas reproduite. A Moissy, nous ne sommes pas différents des
autres et le sport et particulièrement le football rafle la quasi
totalité des subventions municipales.
Pourquoi je fais ce
nouveau billet sur Chantal ? Et bien parce qu'elle expose ses bronzes,
rakus et une oeuvre originale au Hall (salle d'exposition de Moissy
Cramayel) pendant le mois de mai 2006. Oui, l'occupation principale de
Chantal est la sculpture et j'ai la chance de la côtoyer une fois par
semaine lorsque nous tripotons la terre avec des bonheurs inégaux.
En quoi consiste cette exposition ?
Il
s'agit principalement d'une oeuvre que je trouve superbe. Chantal a
disposé au milieu de la salle un rectangle fait d'une soixantaine de carreaux
miroirs. Sur ces carreaux elle a réalisé une composition à partir
d'éléments en terre grésée; elle a appelé cette oeuvre qui ne durera
que le temps de l'expo Les particules.
Malheureusement,
les photos qui vont suivre (vous pouvez cliquer dessus pour les
agrandir) ne donneront qu'une image imparfaite de cette réalisation et
si vous êtes dans la région je ne peux que vous engager à venir la voir
"en vrai".
L'effet réalisé grâce à ces miroirs donne évidemment une autre dimension
Quelques détails :
Je n'ai pas les mots des véritables critiques d'art, mais ce que je peux vous dire c'est que j'ai vraiment été bluffé par cette réalisation que j'imaginais à l'extérieur, posée sur une pelouse impeccablement taillée et sous un ciel bleu parsemé de nuages.
Chantal a entouré "particules" de 11 bronzes qui attendent gentiment leurs acheteurs (pour information les prix s'étagent de 1000 à 6000 € suivant l'oeuvre et le fondeur qui a réalisé le bronze à partir d'une structure en plâtre faite par Chantal.
En voici quelques uns, vous pourrez en voir d'autres sur le site de Chantal Perret
(attention c'est Lycos, donc pub (pop up) un peu envahissante)
Mesdames, messieurs, une petite salve d'applaudissements, voici l'artiste :
Ci-dessous, quelques vues de l'atelier avec des travaux en cours, certains sont même terminés et en instance d'envoi chez le fondeur.
La prochaine oeuvre (en cours de réalisation) ; ce sera un bronze sans socle appelé Mutation
On peut ici voir la méthode de travail, une structure est d'abord composée à partir de grillage ou de branches de bois souples
Cette structure est ensuite recouverte de bandelettes de plâtre
Le plâtre est ensuite recouvert de vernis (c'est ce qui lui donne cette couleur jaune ou marron); ce vernis sert de protection. En effet, cette sculpture est ensuite envoyée chez le fondeur qui ôtera cette protection et "décomposera" le modèle pour réaliser les différents moules nécessaires.
Le moule fait, le fondeur y coule le bronze. Cela donne un aspect brut, comme on peut le voir ci-dessous :
Le bronze est ensuite patiné, c'est ce qui lui donne sa couleur définitive. cette couleur dépend donc du fondeur et de la patine qu'il utilise. Lorsque 12 pièces sont réalisées, le moule est détruit. C'est cela qui explique le prix de certains bronzes; en plus du talent de l'artiste, la rareté est un élément déterminant.
Chantal, dans son atelier :
Un dernier mot, lorsque Chantal a installé sa composition, son compagnon, Laurent Maciet, metteur en scène, peintre, dessinateur (il réalise également de beaux collages), bref, un intermittent du spectacle, a dessiné cela sur un tableau mural de la salle de réunion à côté de la galerie :
Oeuvre éphémère s'il en est puisqu'elle a été effacée le jour même. Vous et moi sommes les seuls à en avoir pris connaissance.
Je termine ce billet par la remarque d'un autre critique d'art, Alexandre, 10 ans, qui m'accompagnait et qui m'a dit, en voyant Particules : "C'est beau ce qu'elle fait Chantal, papa, et puis c'est malin, avec ses miroirs, elle peut en faire que la moitié."